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Sur les chantiers navals STX

lundi 13 mai 2013, par Sarah Trichet-Allaire

Contribution au débat de François Billet

Sur les chantiers navals STX suite à leur annonce de cession de leur participation

Je propose une contribution aux débats suite à l’annonce du groupe STX de céder ses 66,6 % de parts qu’il détient au capital de STX-France, société qui possède les chantiers navals de Saint-Nazaire et de Lorient.

Le chaebol Coréen STX est en difficulté financière, et cherche donc à se séparer
d’actifs. C’est une très bonne nouvelle... pour nous !

Revenons un peu en arrière :

  • en janvier 20006, la filiale Aker-Yards du groupe norvégien Aker-Kvaerner, propriété
    de M. Rokke, a racheté pour 50 millions d’Euros le Chantier de Saint-Nazaire et le chantier de Lorient. Cette opération s’est faite en 2005 : le groupe ALSTOM était en difficulté financière, et a choisi, pour se libérer d’actifs, de se débarrasser des chantiers navals... Je ne m’étends pas ;
  • A l’époque, j’étais responsable commercial et représentant syndical et nous étions quelque part rassurés par ce rachat par Aker, car nous pouvions espérer vivre une belle aventure au sein d’un puissant groupe naval européen (17 chantiers navals). Vous connaissez la suite, M. Rokke n’est qu’un homme d’affaire, et il a revendu ses parts avec une belle plus-value à de multiples fonds d’investissements ;
  • Puis le groupe Coréen à fait une opération de rachat auprès de ces nombreux fonds d’investissement afin de prendre la majorité d’Aker yards. Cela s’est fait au nez et à la barbe de tout le monde, nous nous sommes réveillés un matin sous contrôle STX ! L’Etat français est quand même intervenu pour dire halte là, nous avons des fabrications militaires dans ces chantiers (pour s’affranchir de la règlementation de la libre concurrence européenne) donc on prend une minorité de blocage (33,3%) ;
  • L’arrivée majoritaire de STX au capital des chantiers a fait naitre une énorme inquiétude quant à sa survie. Nous avions tous en mémoire les années 80 avec la montée en puissance de la construction navale en Corée, soutenue par les banques étatiques. Les chantiers européens ont donc été confrontés à une concurrence économique terrible (prix des navires de charge inférieur de 20 à 30%), ce qui a fait perdre 90% de la construction des navires de charge en Europe de l’Ouest ;
  • Je rappelle qu’aujourd’hui la construction des paquebots est à 98% répartie sur 4 chantiers européens : Meyer Werft (Allemagne), Fincantieri (Italie), STX- Europe (Finlande) et STX France (Saint-Nazaire). Mitsubishi au Japon a construit 3 ou 4 paquebots seulement à ce jour.

Aujourd’hui STX est devant l’échec de sa stratégie. Dans ce contexte, le rachat des chantiers navals doit pouvoir être réalisé à des conditions financières avantageuses.

Nous avons donc une opportunité de remettre le capital de nos chantiers dans des mains... plus nationales ? mais dans quelles mains ??

  • La crise que nous vivons est une difficulté, mais c’est aussi une opportunité, et il serait dommage de rater l’occasion qui nous est donnée concernant ces 2 chantiers navals français ;
  • A propos de nationalisation, j’ai toujours pensé que l’activité de constructions navale ne relève pas d’un service public qui doit être sous contrôle total de l’Etat. Les pays qui ont une construction navale étatique (Russie, pays de l’est) ou qui ont fait du protectionnisme (USA – Jones Act) ont perdu toute pertinence en construction navale, tant en conception, qu’en construction.

Par contre, il me semble important qu’un pays comme la France ait la capacité à concevoir et construire des navires. Les navires de commerce et militaires ont toujours été des outils majeurs dans le développement de nos civilisations et à l’aube d’un développement important sur l’espace maritime (Energie Marines Renouvelables) qui va occasionner la réalisation de structures diverses, cette opinion ne peut-être que renforcée.

Il me semble donc pertinent que l’Etat français conserve les 33,3% du capital, ce qui lui donne la possibilité de contrôler. Nous l’avons vécu récemment lorsque STX a viré le DG parce qu’il empêchait les coréens d’accéder à des informations de savoir-faire. Son successeur a été nommé par l’Etat français.

Ensuite, il me semble impératif d’avoir un ou quelques grands groupes industriels.Ce sont les professionnels qui vont gérer, développer des stratégies, etc.
C’est à l’Etat d’inciter, voire contraindre tel ou tel groupe industriel français à prendre une participation dans le capital des chantiers dans le cadre d’une politique industrielle
nationale.

Concernant ces 2 types d’actionnaires, les avis sont globalement partagés, mais en tant qu’écologiste je souhaiterai porter au débat les trois propositions suivantes :

Ne peut-on lire dans la demande de nationalisation, une revendication du pouvoir du peuple sur le capital par le biais de l’Etat ?

Notre société aujourd’hui a bougé, et cette attente du grand état superpuissant n’est plus crédible. Au lieu de nationaliser à 100%, il me semblerait plus pertinent aujourd’hui de proposer à chaque citoyen, à chaque salarié, d’engager son argent propre à hauteur de ses moyens, plutôt que de demander à l’Etat de le faire pour lui. Cette démarche présente l’avantage de responsabiliser les citoyens et les salariés. C’est une démarche fondamentale du projet d’écologie politique.
Pourquoi déléguer cette responsabilité à l’Etat, innovons et proposons de mettre en place deux fonds d’investissement :

  • un fond « citoyen »,
  • un fond « salarié ».
    Il pourrait être mis en place un avantage fiscal, pour investissement dans ces fonds, et d’autres avantages spécifiques pour les salariés...
    Ces 2 fonds, permettraient d’avoir deux représentants (citoyens-salariés) au Conseil
    d’Administration, avec voix délibérative. Ils pourront ainsi participer à la stratégie de
    l’entreprise.

L’autre proposition concerne les 33,3% de l’Etat.

Je propose aussi que les collectivités territoriales Régions et Communauté de communes qui ont les chantiers sur leur territoire puissent être au Conseil d’Administration. On peut répartir les 33,3% de l’Etat entre : l’Etat, la-les Région-s, la-les Communautés de communes. (actuellement un site sur St-Nazaire et un site sur Lorient).
Nous aurions ainsi au conseil d’administration :

  • un ou des groupes industriels, qui sont les professionnels de la gestion d’entreprise ;
  • l’Etat, Région, Communauté de communes qui représentent les intérêts nationaux, régionaux, locaux
  • les salariés
  • les citoyens.

Ensuite, il y a lieu de déterminer comment est constituée la majorité (50,1%).

Deux configurations :

  • le ou les industriels sont majoritaires
  • l’Etat et les 2 fonds sont majoritaires

Cette nouvelle forme d’actionnariat permettrait peut-être de gérer une entreprise d’intérêt stratégique autrement.

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